LA DICTEE
Il revient parfois en ma mémoire des souvenirs d'enfance.
Aujourd'hui, j'ai envie de tremper mon porte plume, comme ça, dans l'encre bleue, de gratter le papier quadrillé, sans faire de "pâté" de jouer un peu à la maitresse d'école!
Cette dictée ne sera pas notée, seulement là pour la beauté du texte!
Dictée,
La terre était belle, ce matin-là. Il est vrai que pour moi elle est toujours belle. Mais souvent elle ontre une figure rude et d'un abord difficile, surtout à l'homme de labeur qui ne l'affronte guère que pour lui imposer les marques de son travail.
Elle s'étendait devant moi, grise comme le temps, mais douce, avec ses mottes qui fondaient sous le pied. Sous les gouttelettes encore fraîches de la nuit, brillaient des herbes courtes, et l'odeur amère du chiendent, à chaque pas broyé par les semelles, montait autour de moi, qui avançais par grandes et lentes enjambées dans la glèbe luisante et noire.
Chaque fois que je la touchais, mon soulier s'enfonçait en elle jusqu'à la cheville et, sur le cuir,je sentais sa matière friable qui prenait mon pied et cherchait à le retenir.
Mais moi, je m'arrachais de là et j'allais plus loin en emportant à mon talon un peu de cette terre tenace sur laquelle avaient peiné les hommes de mon sang, et qui maintenant m'appartenait.
Henri Bosco
Le mas Théotime.
encore trouvé des oeufs dans les sillons! super!!!